Une avalanche correspond à un déplacement rapide d'une masse de neige sur une pente, provoqué par une rupture du manteau neigeux. Elle peut se produire spontanément ou être provoquée par un agent extérieur. La catastrophe du chalet UCPA à Val-d'Isère (février 1970) a impulsé en France une véritable politique de prise en charge du risque basée sur la prévention (amélioration de la connaissance du phénomène, cartographie, prévision, réglementation, etc.) et la protection.
Une avalanche correspond à un déplacement rapide d'une masse de neige sur une pente, provoqué par une rupture du manteau neigeux. Cette masse varie de quelques dizaines à plusieurs centaines de milliers de mètres cubes, pour des vitesses comprises entre 10 km/h et 400 km/h, selon la nature de la neige et les conditions d'écoulement. Les pentes favorables au départ des avalanches sont comprises entre 30 et 55°.
La pente avalancheuse typique est raide, à l'ombre, proche d'une crête et couverte de neige soufflée.
La neige entrainée par une avalanche ne provient pas uniquement de la zone de départ : le volume entrainé peut être plus que 10 fois supérieur à celui mobilisé dans la zone de départ. On distingue deux types d'avalanches selon les caractéristiques de l'écoulement.
Les différents types d'avalanches
L'avalanche dense (ou coulante)
Si la masse volumique de la neige qui s’écoule le long de la pente reste voisine ou supérieure à la densité initiale du manteau neigeux (entre 150 et 500kg/m3), l’écoulement sera considéré comme dense. Ces avalanches peuvent être constituées de neige sèche ou de neige humide. Ces dernières ont des écoulements plus lents, mais leurs dépôts ont des masses volumiques beaucoup plus importantes (entre 500 et 600 kg/m3). A noter que ce type d’avalanche de neige humide est susceptible d’augmenter dans le contexte de changement climatique.
En chiffre
L’avalanche dense peut atteindre :
- plusieurs millions de m3;
- des vitesses comprises entre 1 et 150 km/h (voir 250 km/h dans des cas exceptionnels;
- des hauteurs entre 1 et 20 m;
- des pressions jusqu’à 100t/m².
L'avalanche en aérosol
Ce type d’avalanche est formé de particules de neige et glace en suspension dans l’air et se caractérise par un écoulement turbulent. Ces avalanches apparaissent souvent avec de la neige froide. Une avalanche de neige poudreuse ne suit pas toujours le relief et peut remonter le versant opposé sur plus de 200m. Les avalanches en aérosol sont rarement présentes seules dans la nature : elles recouvrent une partie dense en contact avec le lit du couloir. On parle d’avalanche mixte.
En chiffre
L’avalanche en aérosol peut atteindre :
- 100 m de haut;
- une densité de 2 à 5 kg/m3;
- une pression de 1 à 5 t/m².
Les facteurs aggravants
Une avalanche peut se produire spontanément ou être provoquée par un agent extérieur. Trois facteurs sont principalement en cause :
- L'augmentation du poids, d'origine naturelle (importantes chutes de neige, pluie, accumulation par le vent) ou accidentelle (passage d'un skieur ou d'un animal) ;
- La température : après des chutes de neige et si une période de froid prolongée se présente, le manteau neigeux ne peut se stabiliser. Au contraire, lorsqu'il fait chaud sur une longue période, le manteau se consolide. En revanche, au printemps, la chaleur de mi-journée favorise le déclenchement d'avalanches, car la neige devient lourde et mouillée ;
- Le vent engendre une instabilité du manteau neigeux par la création de plaques et corniches.
L'exposition aux avalanches en France
L’observation et l’enregistrement des phénomènes passés sont primordiaux pour mieux appréhender les avalanches de neige. Le site avalanches.fr géré par l'INRAE pour le compte du ministère chargé de la prévention des risques présente essentiellement trois dispositifs, leurs données et leurs méthodes, souvent indispensables à l’étude et à la gestion du risque d’avalanche en France, en particulier dans un cadre d’aménagement du territoire :
- L’Enquête Permanente sur les Avalanches (EPA) est une chronique historique d’événements observés sur des sites sélectionnés. Elle est réalisée sur environ 5 000 couloirs d'avalanche.
- Les cartes de localisation des phénomènes avalancheux (CLPA) décrivent les zones où des avalanches se sont produites dans le passé et sont représentées par leurs limites extrêmes connues. Ces cartes au 1 / 25 000 constituent un inventaire des phénomènes passés identifiés. Plus de 850 000 hectares ont ainsi été cartographiés dans les Alpes et les Pyrénées (soit environ 300 communes). La CLPA est un document informatif et non une cartographie réglementaire, ce qui ne l'empêche pas aujourd'hui d'être indispensable à la bonne gestion d'une route ou d'un domaine skiable, et à l'établissement de tout projet d'aménagement.
- Les Sites habités Sensibles aux Avalanches (SSA) inventorient les sites habités en hiver et accessibles avec un itinéraire sécurisé vis à vis des avalanches, et les classifient en 3 groupes selon leur sensibilité au risque d’avalanche. Cette classification dénombre 1 431 sites en France, dont 304 sont fortement sensibles.
Les données issues de ces trois dispositifs sont consultables sur la carte interactive des avalanches en France.
Par ailleurs, la base de données BD-RTM de l’ONF met à disposition des données rassemblées sur les évènements recensés, notamment des avalanches, par les services de restauration des terrains en montagne (RTM) sur 11 départements des Alpes et des Pyrénées.
Évolution de l’activité avalancheuse
Le risque avalanche en France et dans le monde
Dans le monde, les avalanches font environ 500 victimes par an. En France, les accidents sont aujourd'hui, dans plus de 95 % des cas, liés aux activités de loisirs, mais ils restent faibles (une trentaine de décès par an), comparativement au nombre d'usagers de la montagne.
La maîtrise de l'urbanisation
La cartographie du risque d'avalanche a largement évolué au fil des années, pour laisser la place aujourd'hui au plan de prévention des risques naturels. Ce dernier permet, le cas échéant, de réglementer l'urbanisme et la construction dans les zones exposées à un risque d'avalanche.
Le plan de prévention des risques naturels prévisibles (PPRN) est un outil institué par loi du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement et codifié dans les articles L.562-1 à L.562-9 et R.562-1 à R562-12 du code de l’environnement.
Il vise, dans une perspective de développement durable, à éviter une aggravation de l’exposition des personnes et des biens aux risques naturels et à réduire leurs conséquences négatives sur les vies humaines, l'environnement, l'activité économique et le patrimoine culturel. Aussi le plan de prévention des risques avalanches (PPRa), mis en œuvre sur les territoires fortement concernés par l’aléa avalanche, contribue à ces objectifs en :
- Délimitant des zones d'exposition aux risques à l'intérieur desquelles des constructions ou des aménagements sont interdits, tout en permettant sur d’autres zones un développement raisonné et sécurisé, là où l'intensité de l'aléa le permet,
- Définissant des mesures de prévention, de protection, de prévention et de sauvegarde ainsi que des mesures relatives à l'aménagement, à l'utilisation ou à l'exploitation, de constructions, d'ouvrages ou d'espaces cultivés ou plantés existant à la date d’approbation du plan.
Ce plan, établi à l’échelle communale ou intercommunale, est opposable aux autorisations d’urbanisme. Il est consultable en mairie, en préfecture ou en s’adressant à la direction départementale des territoires (DDT ou DDTM). Le guide méthodologique « Plan de prévention des risques naturels Avalanches » d’août 2015 accompagne l’élaboration de ce document.
En complément du guide PPR Avalanche, vous pouvez télécharger la note méthodologique sur la qualification et la cartographie de l’aléa exceptionnel d’avalanche
Dans les plans de prévention des risques (PPR), une avalanche « exceptionnelle » doit être comprise comme une avalanche d’extension ou d’intensité supérieure à l’avalanche centennale, dans la limite d’un scénario « vraisemblable ». Il est convenu de considérer qu’une avalanche plus rare que l’avalanche tri-centennale, devient trop hypothétique pour être prise en compte dans les PPR.
Parallèlement au programme de réalisation des PPR avalanches, des porter à connaissance (PAC) des études de connaissance des aléas disponibles peuvent permettre de mettre à disposition du maire les informations nécessaires.
Des moyens de protection adaptés aux sites et aux enjeux
Les moyens de protection permanents sont constitués d’ouvrages qui empêchent le départ des avalanches ou protègent contre leurs effets.
- Dans la zone de départ de l’avalanche, il peut s’agir d’ouvrages rigides (claires, râteliers), ou souples (filets), ou encore de plantations.
La forêt a une fonction de protection contre les avalanches en fixant le manteau neigeux dans la zone de départ. En revanche, si l’avalanche s’est déclenchée et que sa trajectoire rencontre une forêt, cette dernière ne sera pas en mesure de l’arrêter. La destruction des arbres freine l’avalanche et lui fait perdre de l’énergie, mais cela ne sera pas forcément suffisant. De plus les arbres cassés et transportés par l’avalanche augmentent son pouvoir destructeur.
- Dans les zones d’écoulement et d’arrêt, ce sont des ouvrages de déviation (merlon/digue ou tourne, galerie ou tunnel, étrave), de freinage (pour dissiper l’énergie : dents, tas freineurs), ou d’arrêt de l’écoulement (digue paravalanche).
Certains systèmes paravalanches combinent plusieurs ouvrages afin d’assurer les trois fonctions. Ces ouvrages sont conçus pour limiter les effets des avalanches denses ou la partie dense d’une avalanche mixte.
Prise en compte des ouvrages de protection
Extrait du guide méthodologique PPR avalanche
« Dans les secteurs situés sous des ouvrages et dispositifs de protection, le zonage réglementaire [du plan de prévention des risques] doit être établi dans le respect des principes suivants :
- la construction d’ouvrage (s) de protection a pour but de réduire l’exposition des enjeux existants. Elle ne doit en aucun cas servir à permettre l’urbanisation d’une zone ;
- la constructibilité et donc l’augmentation des enjeux sous les ouvrages ne pourront être envisagées que très exceptionnellement et uniquement dans les espaces déjà urbanisés, si d’une part, ces ouvrages sont considérés comme fiables, et d’autre part, leur maintenance est garantie par une solution technique et institutionnelle également fiable et l’assurance de ressources financières pérennes ».
Les moyens de protection temporaire
- mesures d’interdiction d’accès au domaine skiable ou à des routes ;
- mesures d’évacuation d’immeubles, de villages ;
- déclenchement artificiel et contrôlé des avalanches.
La loi du 13 août 2004 de modernisation de la sécurité civile a instauré l’obligation pour le maire d’élaborer un plan communal de sauvegarde (PCS) dès lors que sa commune est soumise à un plan de prévention des risques. Les techniques de protection temporaire ne peuvent être retenus pour justifier un développement de l’urbanisme sur des zones exposées au risque d’avalanche.
La prévision
Si l'on connaît assez bien les principales zones où se produisent les avalanches, la localisation précise de leur trajet et de leur limite d'extension est plus difficile. La prévision des avalanches reste une science inexacte. Quasi inexistante il y a trente ans, elle se développe aujourd'hui à travers la nivologie (science de la neige) et la météorologie alpine.
Météo-France édite régulièrement un bulletin d'estimation du risque d'avalanche qui donne, à l'échelle d'un massif, des indications sur l'état du manteau neigeux en fonction de l'altitude, de l'exposition, du relief. Il propose également une estimation du risque, établi à partir d'une évaluation de la stabilité du manteau neigeux et de ses conséquences sur la probabilité de déclenchement des avalanches. L'échelle est croissante, graduée de 1 (risque faible) à 5 (risque très fort), chaque indice correspond à un niveau de danger pour le pratiquant de la montagne enneigée. Cette estimation est donnée à l'échelle du massif dont l'ordre de grandeur est de quelques centaines de km2.
L'information du citoyen
Le droit à l'information générale sur les risques majeurs s'applique. Pour le risque d'avalanche, de nombreuses informations concernant l'aléa et les consignes à adopter en cas d'événement sont mises à la disposition du citoyen (mairie, services de l'État), comme le DICRIM et l'Information des acquéreurs et locataires (IAL).
Des campagnes spécifiques d'information des pratiquants de ski hors-piste sont réalisées, notamment par des associations comme l'ANENA : Association nationale d'étude de la neige et des avalanches.
RTM : Service de restauration des terrains en montagne de l’Office national des forêts
L’ONF contribue à la définition et la mise en œuvre de la politique de prévention des risques naturels notamment en ce qui concerne les risques en montagne. Ses actions portent sur l’observation des phénomènes naturels en vue d’améliorer la connaissance des risques, des appuis techniques et méthodologiques pour la définition des doctrines de prévention de risques et le développement de méthodes et outils, ainsi que des appuis techniques aux préfets et aux collectivités pour leur mise en œuvre.
La base de données du service de Restauration des Terrains en Montagne (BDRTM) de l’ONF recense les événements naturels en montagne. Financée par le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, la plateforme de diffusion fournit :
- une carte de localisation des sites (entité géographique permettant de situer les événements) et les événements différenciés par types de phénomènes ou niveau d’intensité ou s’il y a eu des victimes ou pas (morts ou blessés) ;
- une possibilité de télécharger ces données soit au niveau national, soit par département, soit par types de phénomènes.
INRAE : Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement
INRAE a pour missions de réaliser, d'organiser et de coordonner, à son initiative ou à la demande de l'État, tous travaux de recherche scientifique et technologique dans plusieurs domaines dont les risques. Dans ce cadre, INRAE porte notamment des travaux portant sur les aléas et risques terrestres : dynamiques, vulnérabilités et ingénierie.
Ce site présente trois dispositifs, leurs données et leurs méthodes, souvent indispensables à l’étude et à la gestion du risque d’avalanche en France, en particulier dans un cadre d’aménagement du territoire :
- la carte de Localisation des Phénomènes d’Avalanche (CLPA)
- l’enquête Permanente sur les Avalanches (EPA)
- les Sites habités Sensibles aux Avalanches (SSA)
CEN : Centre d’études de la neige
Le centre d’études de la neige (l’une des unités de recherche du centre national de recherches météorologiques - CNRM) est spécialement dédié à l’étude du manteau neigeux et à la prévision du risque d’avalanche
AFPCNT : Association française pour la prévention des catastrophes naturelles et technologiques
L’Association française pour la prévention des catastrophes naturelles et technologiques est une association régie par la loi du 1er juillet 1901. Elle a été créée fin 2000 pour poursuivre l’action du Comité français de la Décennie internationale de prévention des Catastrophes Naturelles (DIPCN), en tant que centre national de réflexion collective transversale et multirisque sur la problématique des risques naturels et acteur reconnu de la coopération internationale dans ce domaine.