Les cyclones tropicaux sont des phénomènes météorologiques violents qui se forment dans les régions tropicales. Les départements, régions et collectivités d’outre-mer français concernés sont notamment la Martinique, la Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, La Réunion et Mayotte.
Le risque cyclonique peut causer d’importants dégâts humains, matériels et environnementaux, du fait des vents violents, mais également en raison des inondations qu’ils peuvent générer (submersion marine et choc mécanique des vagues associé, débordements de cours d’eau, crues torrentielles…).
Qu’est-ce qu’un cyclone ?
Les cyclones sont des phénomènes météorologiques violents. Ils peuvent être définis comme une formation nuageuse qui se développe autour d’un centre de rotation et forme un tourbillon. Il s’agit d’un système de vent en rotation1. Ce phénomène est marqué par une dépression importante accompagnée de précipitations parfois intenses et de vents violents. Un cyclone se distingue d’une tempête par la vitesse de ses vents. La différenciation est détaillée à la rubrique 3 disponible au lien suivant : Classification.
Les cyclones sont de tailles variables : leur diamètre peut s’étendre de 500 à 1000 km. Ils sont composés de deux éléments2 : l’œil et le mur.
- L’œil est le centre du cyclone. Il s’agit d’une zone d’accalmie sèche et peu ventilée. Les vents y sont faibles et les précipitations quasi nulles. C’est la partie où la pression atmosphérique est la plus basse et la température en altitude la plus chaude. Cette température peut atteindre jusqu’à 10°C de plus que dans le mur3. En moyenne, le diamètre de l’œil varie de 30 à 60 km. Toutefois, il peut parfois atteindre jusque 150 km.
- Le mur est la zone qui entoure l’œil. Il est constitué de nuages cumulonimbus (nuage caractéristique du phénomène orageux avec une largeur variant de 5 à 15 km). Leur sommet atteint 12 à 15 km d’altitude. Dans cette zone, les vents peuvent souffler jusqu’à 350 km/h et sont présentes des pluies diluviennes. Il s’agit donc de la partie où les vents sont les plus puissants et les pluies les plus fortes. Le mur mesure entre 100 et 200 km de diamètre4.
Par ailleurs, en fonction de la zone géographique, le cyclone tourne dans un sens différent. Dans l’hémisphère Sud, il tourne dans le sens des aiguilles d’une montre et dans le sens inverse dans l’hémisphère Nord.
Différenciation cyclone, ouragan et typhon
Les termes cyclone, ouragan et typhon désignent le même phénomène mais le nom varie selon la zone géographique où il se produit. Généralement, on parle de cyclones dans l’océan Pacifique Sud-Ouest et Nord ainsi que dans l’océan Indien Sud-Ouest, ouragan dans l’océan Atlantique Nord et l’océan Pacifique Nord-Est et Sud-Ouest, et typhon dans l’océan pacifique Nord-Ouest5.
Cycle de vie du phénomène
Origine
Le cyclone naît au-dessus des eaux chaudes tropicales et se forme lorsqu’il y a une chute importante de la pression atmosphérique. Plusieurs conditions doivent donc être réunies pour la formation d’un cyclone.
Au niveau thermique, la température de l’océan doit généralement être supérieure à 26 °C sur une épaisseur minimale de 60 mètres6. Cette relativement haute température entraîne une forte évaporation et donc une forte humidité dans l’atmosphère. Lorsque cette dernière est supérieure à 70 %, elle favorise la formation d’un phénomène cyclonique7.
Au niveau géographique, un cyclone ne peut se former qu’à une distance de plusieurs centaines de kilomètres de l’équateur. La formation de ce phénomène nécessite la force de Coriolis. Cette dernière dévie tout mouvement vers la droite dans l’hémisphère Nord et vers la gauche dans l’hémisphère Sud. Elle a donc un fort impact sur le déplacement des masses d’air telles que les cyclones. Cette force est engendrée par la rotation de la terre sur elle-même. Elle est nulle à l’équateur et augmente au fur et à mesure qu’elle se rapproche des pôles8. C’est cette force qui déclenche le mouvement tourbillonnaire d’un cyclone. Ce dernier ne peut donc pas se former quand la force de Coriolis est nulle. Ainsi, il doit être à un minimum de 5° de latitude de l’équateur, ce qui correspond à 550 km.
Pour qu’un cyclone se forme, les vents doivent être similaires jusqu’à 15km d’altitude. Ce qui signifie que la direction du vent doit être la même du sol jusqu’en altitude et que la force du vent doit être similaire à tous les niveaux du cyclone.
Extinction des cyclones
Les cyclones disparaissent lorsque les conditions qui les alimentent ne sont plus remplies ou s’atténuent. Ainsi, lorsqu’il arrive sur terre ou sur une portion de l’océan où la température n’est pas assez élevée, lorsqu’il subit des effets du cisaillement vertical (variation de la vitesse ou de la direction du vent le long des verticales d’une couche atmosphérique) qui déforme sa structure ou lorsque sa trajectoire se rapproche trop de l’équateur, le cyclone perd de sa puissance et s’éteint progressivement.
Toutefois, il arrive parfois qu’un phénomène cyclonique puissant puisse survivre à son passage sur l’étendue terrestre et reprenne de l’énergie au contact de l’eau.
Classification
En Atlantique nord, les systèmes dépressionnaires sont classés en trois grandes catégories selon l’intensité des vents :
- si le vent est inférieur à 64 km/h9, c’est une dépression tropicale ;
- si le vent est compris entre 64 km/h et 119 km/h, c’est une tempête tropicale (à ce stade, le système cyclonique reçoit un prénom) ;
- si le vent dépasse 119 km/h, c’est un ouragan et à partir de cette vitesse, les ouragans sont classés en 5 catégories selon leur intensité.
Lorsqu’ils sont considérés comme cyclones, les systèmes cycloniques de l’hémisphère Nord-Ouest sont classifiés selon l’échelle de Saffir-Simpson selon 5 catégories en fonction de l’intensité des vents.
Dans l’Océan Indien, les systèmes sont répartis en quatre grandes catégories :
- jusqu’à 52 km/h c’est une perturbation tropicale ;
- entre 52 km/h et 64 km/h, c’est une dépression tropicale ;
- entre 64 km/h et 119 km/h il s’agit d’une tempête tropicale ;
- à partir de 119 km/h, il s’agit de la catégorie des cyclones tropicaux. Au-delà de 166 km/h il s’agit de cyclones tropicaux intenses et au-delà de 209 km/h il s’agit de cyclones très intenses.
Dans le domaine de la météorologie marine, l’ouragan correspond à la force 12 de l’échelle de Beaufort. Cette échelle, allant de 0 à 12, permet d’évaluer la vitesse moyenne du vent en fonction de l’état de la mer.
La détection, la surveillance et la prévision des cyclones sont organisées aux niveaux national et régional par le Programme concernant les cyclones tropicaux sous l’égide de l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Il existe cinq organismes régionaux qui ont chacun adopté une échelle de mesure différente.
Saisons cycloniques
Les cyclones se produisent à différents moments de l’année selon leur situation géographique et les conditions océaniques et atmosphériques de chaque océan :
- Atlantique Nord : 1er juin au 30 novembre
- Pacifique Nord-Est : 15 mai au 30 novembre
- Sud-Ouest de l’océan Indien : 15 novembre au 30 avril
- Pacifique Nord-Ouest : les cyclones peuvent se manifester tout au long de l’année10
Un cyclone peut toutefois se former hors saison en raison de conditions météorologiques particulières : eaux anormalement chaudes (les températures restent plus longtemps élevées), perturbations atmosphériques (humidité élevée, absence de cisaillement). Le cyclone Fabien passé aux abords de La Réunion en mai 202311 en est un exemple.
Aléas
Le vent
La probabilité qu’un cyclone se produise sur un territoire est caractérisée par sa période de retour. Par exemple, si un cyclone a une période de retour de 50 ans, la probabilité qu’un tel cyclone frappe le territoire est de 1 sur 50 chaque année. Cette probabilité est associée à une valeur de vitesse de vent de référence.
Cette valeur sert à catégoriser les cyclones dans l’échelle de Saffir-Simpson présentée dans la rubrique 3 disponible au lien suivant : Classification. Les vitesses de vents sont mesurées à une hauteur de 10 m pendant une minute. La moyenne est ensuite calculée pour être comparée aux intervalles définis pour chaque catégorie de l’échelle.
Lors du passage d’un cyclone, les vents les plus puissants sont présents dans le mur de l’œil. Les vents soufflent généralement de manière turbulente et non régulière. Leur direction et leur intensité peuvent changer brutalement. Ces variations provoquent des effets de vibrations et de percussions, ce qui accentue le caractère violent du cyclone12.
Par ailleurs, le relief (l’orographie) et l’environnement (la rugosité) d’un bâtiment influencent son exposition aux vents. Pour caractériser l’influence du terrain sur l’exposition aux vents, il est possible d’utiliser les coefficients d’exposition fournis par la cartographie réalisée par le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) à la demande du MTECT et disponible dans la rubrique [5. Cartographie de ce dossier].
Enfin, les vents ont la capacité de transporter ou de déplacer des objets, matériaux qui sont très dangereux et peuvent devenir des projectiles (branches d’arbres, panneaux, tôle etc.).
Les précipitations
Les cyclones peuvent générer des précipitations particulièrement intenses et irrégulières.
Les précipitations varient beaucoup d’un cyclone à un autre. Elles ne sont d’ailleurs pas en corrélation avec la puissance du cyclone. Un cyclone puissant peut occasionner des précipitations très faibles et inversement. La quantité d’eau dépend de la taille et de la structure des nuages composant le système cyclonique, de sa vitesse de déplacement ainsi que de sa trajectoire.
Le cyclone Belal survenu à La Réunion en janvier 2024 a été caractérisé par sa quantité élevée de précipitations : en quatre jours, 1 367 mm à Commerson et 1 019 mm à la Plaine des Palmistes ont été enregistrés. Le cyclone Gamède qui a touché La Réunion en 2007 a également provoqué de fortes précipitations avec plus de 4 979 mm de pluie en 5 jours sur le Piton de la Fournaise, soit 8 fois plus qu’en toute une année sur Paris13. Le territoire de La Réunion détient d’ailleurs le record mondial des pluies. Á titre de comparaison, lors de la tempête Alex en octobre 2020 dans les Alpes-Maritimes, le cumul des précipitations a atteint 500 mm en 24 heures.
En parallèle, les pluies intenses sont susceptibles de provoquer des inondations, des éboulis, des coulées de boue, des crues ou encore des glissements de terrain14. Ces phénomènes sont d’autant plus fréquents si les sols des territoires sont déjà saturés en eau.
Le phénomène d’inondation (conséquences et actions) qui peut en résulter est quant à lui détaillé dans le dossier thématique sur les inondations.
La houle cyclonique
Les cyclones ont également une conséquence sur l’état de l’océan. Le passage d’un tel phénomène entraîne la houle cyclonique. Cette dernière est provoquée par les vents et se déplace plus rapidement que le cyclone. Elle est parfois observable jusqu’à 1000 km à l’avant du cyclone15. L’orientation et la distance du phénomène peuvent être déterminées à travers la direction, la fréquence, la hauteur ainsi que les variations de la houle16. Cette dernière peut être dangereuse : elle peut entraîner des chocs sur le littoral ou encore des inondations par franchissement de vague.
Par ailleurs, la houle cyclonique peut accentuer le phénomène d’érosion côtière.
Toutefois, la houle cyclonique est très dépendante de la trajectoire du cyclone. En effet, la structure asymétrique du cyclone peut entraîner des effets différents selon la position du territoire par rapport au cyclone. Par exemple, un cyclone peut provoquer de nombreuses vagues sur les côtes nord d’un territoire et peu sur les côtes sud comme l’a illustré le cyclone Bejisa survenu à La Réunion en janvier 2014.
La surélévation anormale du niveau de la mer (aussi appelée marée de tempête ou onde de tempête) est une autre conséquence du passage d’un cyclone. Celle-ci est causée par la baisse soudaine de pression atmosphérique mais également par la houle. Cette surélévation peut durer plusieurs minutes voire plusieurs heures et peut varier de quelques centimètres à plusieurs mètres (parfois entre quatre et huit mètres). Plus elle s’approche des côtes, plus elle s’aggrave. Cette surélévation peut causer des inondations par submersion marine.
Pour prévenir ces différents risques, les plans de prévention des risques littoraux ont été mis en place. Il s’agit d’un outil qui cartographie les risques de submersion marine et qui règlemente l’urbanisation dans les zones exposées. Le risque de submersion marine est détaillé dans le dossier thématique sur les inondations.
Changement climatique
Selon le sixième rapport du GIEC, l’intensité des cyclones, à l’inverse de leur fréquence, pourrait augmenter sous l’effet du changement climatique17. Il est estimé que la valeur moyenne pourrait augmenter de 5 % et que la part des cyclones très intenses (de catégorie 4 et 5) pourrait augmenter de 14 %18.
Toutefois, le changement climatique entraînerait un réchauffement de la température des mers et océans, ce qui augmenterait la teneur en eau de l’atmosphère.
En parallèle, selon le rapport du GIEC, le changement climatique entraînerait progressivement une extension de l’activité cyclonique vers les zones extratropicales. Ce changement de trajectoire présenterait un danger important en confrontant des territoires à des risques nouveaux et par conséquent non préparés.
Par ailleurs, il est également anticipé que le niveau de la mer augmente avec le changement climatique. La houle cyclonique trouvera donc son point de départ surélevé, ce qui accroîtra sa dangerosité.
Le travail mené conjointement par Météo France, la Caisse centrale de réassurance ainsi que RiskWeatherTech a mis en évidence que la sinistralité dans les territoires d’outre-mer pourrait augmenter de 20 % d’ici 2050 du fait de la fréquence moyenne des cyclones et de l’élévation du niveau de la mer19
1 Les risques majeurs Guide général, Ministère de l’écologie et du développement durable, 2004.
2 Les cyclones, Météo-France
3 Les cyclones, dossier d’information, Ministère de l’écologie et du développement durable
4 Qu’est-ce qu’un cyclone ?. Les Services de L’État À la Réunion
5 Cyclone, ouragan, typhon : quelles différences ? Futura Sciences. 21 septembre 2018
6 Les cyclones, Météo France, 3 mai 2024
7 Les cyclones, dossier d’information, Ministère de l’écologie et du développement durable
8 UNIVERSALIS, Encyclopædia. Universalis
9 En moyenne sur 10 minutes
10 Fabrice Chauvin : " Pas plus de cyclones, mais des phénomènes plus intenses. ", Météo-France
11 FLOCH, Fabrice, 2023. Le cyclone tropical intense Fabien est à 2 425 km de La Réunion - Réunion la 1ère. Réunion la 1ère [en ligne]. 17 mai 2023
12 Les dangers des cyclones. Météo France
13 Dangers météorologiques Cyclones, fortes pluies, vents forts, orages, fortes houles
14 Les dangers des cyclones
15 Les cyclones, Météo-France
16 Vie d’un cyclone. Futura Sciences
17 Fabrice Chauvin : " Pas plus de cyclones, mais des phénomènes plus intenses. ", Météo-France
18 Cyclones et changement climatique, Météo-France
19 Évolution du risque cyclonique en outre-mer à horizon 2050, Météo France, Caisse centrale de réassurance, Risk Weather Tech, Février 2020
Exposition du territoire
Dans le monde, sept zones sont exposées au risque cyclonique20. L’hémisphère Nord est beaucoup plus exposé avec 70% des systèmes cycloniques pour 30% dans l’hémisphère Sud.
S’agissant du territoire français, seuls certains territoires d’outre-mer sont actuellement concernés par le risque cyclonique. Ainsi, la Martinique, la Guadeloupe, La Réunion, Mayotte, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Wallis et Futuna, Saint-Pierre-et-Miquelon, la Polynésie Française, et la Nouvelle-Calédonie sont susceptibles de voir des cyclones se produire sur leur territoire.
En parallèle, pour chaque territoire, les effets de la houle cyclonique (agitation de la surface de l’océan en raison du passage du cyclone) touchent particulièrement les communes littorales de ces territoires.
En 2023, 21 phénomènes cycloniques ont été observés en six mois dans les Antilles21, soit environ 3 systèmes par mois.
Le cas particulier des medicane22 : Le terme " medicane " est la contraction de " mediterranean hurricane ". Il s’agit d'une dépression qui se creuse sur le domaine méditerranéen, généralement entre les mois de septembre et de janvier, et prend des caractéristiques de système tropical, tempête ou cyclone tropical selon son intensité23. Ce phénomène est dû à la température de la mer qui reste chaude de plus en plus longtemps après l’été et à l’air qui se refroidit progressivement au début de l’automne.
Impacts sur le territoire
Conséquences humaines et économiques
Selon Météo-France, chaque année, en moyenne, quatre-vingts tempêtes et cyclones affectent les régions tropicales.
En septembre 2017, le cyclone Irma (cyclone de catégorie 5) qui a frappé les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy a fait 11 victimes et plus de 200 blessés. C’est l’efficacité du dispositif d’alerte qui a permis de limiter considérablement les pertes humaines, malgré l’ampleur du phénomène. La vraie difficulté pour le territoire a été les destructions matérielles. La reconstruction de l’île de Saint-Martin et le retour à une activité économique normale ont nécessité plusieurs années.
Une étude réalisée par la Caisse centrale de réassurance en partenariat avec Météo-France et RiskWeatherTech sur l’évolution du risque cyclonique en outre-mer à l’horizon 2050 a par ailleurs estimé les dommages potentiels liés aux cyclones de catégorie 5 à 6,8 Md € en Guadeloupe, à 4,9 Md € en Martinique et à 5,2 Md € à La Réunion d’ici 2050, échéance à laquelle les effets estimés du changement climatique restent modérés.
Conséquences sur le bâti
Les vents cycloniques peuvent engendrer des conséquences importantes sur les constructions allant de la simple dégradation à la destruction totale du bâtiment.
Selon une estimation établie à la suite du cyclone Irma, 95% des bâtiments ont été endommagés à des degrés divers et environ 20% des bâtiments à Saint-Martin ont été totalement détruits. Les dégâts ont été estimés à plus de 3 Md €. Les ouvrages touchés par le cyclone l’ont été principalement du fait :
- de la légèreté de la structure elle-même, surtout pour l’habitat précaire ;
- des défauts de liaisons entre les éléments (fixation des toitures et des auvents, fixation des garde-corps, vitrage, etc.) ;
- de la qualité de la réalisation des constructions (surélévation avec ancrage insuffisant, défaut de raidisseurs dans certains ouvrages, etc.).
Il est à noter que les structures des bâtiments en béton ou en maçonnerie ont été peu impactées. Pour ce type de bâtiments, les impacts concernent principalement les toitures en tôles, les vitrages et les garde-corps. Les effondrements constatés sont principalement la conséquence de ruptures de charpentes.
Pour prévenir les dégâts sur le bâti, les plans de prévention des risques d’inondation et les plans de prévention des risques littoraux règlementent l’urbanisation dans les zones à risque. Cela est détaillé dans le dossiers thématique « Inondation ».
Réglementation
Face au risque cyclonique, la solution la plus efficace est de respecter des règles de construction renforcées afin de prendre en compte le risque de vents cycloniques lors de la conception et de la construction des bâtiments, les rendant ainsi plus résistants.
Cette approche poursuit un double objectif : d’une part, garantir la sécurité des personnes et d’autre part, limiter les dommages matériels.
L’obligation de respecter ces règles a été prévue pour le 1er janvier 2026 par le décret n°2023-1087 relatif à la prise en compte du risque de vents cycloniques dans la conception et la construction des bâtiments exposés à ce risque, publié le 23 novembre 2023.
Ce texte est accompagné d’un arrêté d’application, en date du 5 juillet 2024, « relatif à la classification et à la prise en compte du risque de vents cycloniques dans la conception et la construction des bâtiments situés en Guadeloupe et en Martinique » qui a été publié le 10 juillet 2024 . Ce texte est lui-même complété par trois guides dont deux sont d’ores et déjà disponibles via l'onglet Acteurs et liens, rubrique Documents utiles.
L’arrêté s’applique aux constructions nouvelles (y compris les opérations de reconstruction) ainsi qu’aux constructions existantes faisant l’objet de modifications importantes soumises à permis de construire ou à déclaration préalable, en différenciant 4 catégories d’importance des bâtiments :
- bâtiments de classe I : bâtiments non susceptibles d’être occupés lors de la survenue d’un cyclone ;
- bâtiments de classe II : notamment les bâtiments d’habitations individuelles et assimilés ;
- bâtiments de classe III : notamment les bâtiments de hauteur supérieure à 28 mètres ;
- bâtiments de classe IV : bâtiments sensibles (hôpitaux, services de secours, etc.)
Le texte fixe de nouvelles règles de dimensionnement aux vents cycloniques de référence pour la Guadeloupe et la Martinique. Ces derniers sont basés sur les données météorologiques les plus récentes. Les temps de retour des cyclones de référence, et donc leur intensité, auxquels doivent résister les bâtiments augmentent avec la catégorie d’importance de ces derniers :
- 25 ans pour les bâtiments de classe I, soit un vent de référence de 33 m/s à La Guadeloupe et de 30 m/s à La Martinique ;
- 50 ans pour les bâtiments des classes II et III, soit un vent de référence de 38 m/s à La Guadeloupe et de 35 m/s à La Martinique ;
- 100 ans pour les bâtiments de classe IV, soit un vent de référence de 42 m/s à La Guadeloupe et de 39 m/s à La Martinique.
Ces vitesses de référence sont des données d’entrée « de base » dont le respect est imposé pour la conception des bâtiments. L’arrêté les complète en mettant à disposition les coefficients de rugosité et d’orographie localisés sur les territoires de La Guadeloupe et de La Martinique selon un maillage au pas de 250 mètres. Ces coefficients permettent d’affiner l’impact de ces vents de référence en fonction de la localisation des constructions (voir précisions complémentaires via l'onglet Cartographie des coefficients d’exposition).
Pour garantir la résistance des bâtiments face à ces vents de référence, le texte s’appuie sur les normes Eurocodes dont l’utilisation est précisée dans un premier guide publié par CSTB (voir liens utiles). L’arrêté contient également des dispositions spécifiques pour que la dégradation d’un élément non structurant du bâtiment (exemple : la toiture, une fenêtre, etc.) sous l’effet des vents cycloniques n’entraîne pas la perte du bâtiment.
Par ailleurs, l’arrêté renvoie à un second guide pour une méthode simplifiée de respect de l’arrêté dans le cas des maisons individuelles et bâtiments assimilés.
20 Vie d’un cyclone. Futura Sciences
21 PINEL-FEREOL, Peggy, 2023. La saison cyclonique 2023 se termine, les Antilles françaises échappent au pire - Martinique la 1ère. Martinique la 1ère, 30 novembre 2023
22 DURAND, Karine, 2022. Phénomène météo extraordinaire : l’ouragan méditerranéen ou medicane. Futura Sciences - 30 septembre 2022
23 Site de Météo France
La prévention est la première étape afin de protéger les populations, les biens et les infrastructures. Celle-ci consiste donc à mettre en œuvre préalablement des moyens pour limiter les dégâts d’un cyclone à travers trois objectifs :
- assurer la sécurité des populations ;
- réduire les dommages matériels pendant le passage du cyclone ;
- favoriser un retour à la normale : les activités économiques peuvent ainsi reprendre plus rapidement et la période pendant laquelle la dynamique locale serait arrêtée ou fortement ralentie est limitée.
Il n’est pas possible d’empêcher l’arrivée d’un cyclone mais il est possible d’en réduire les conséquences par plusieurs actions :
- l’information des citoyens sur le risque et les bons comportements à adopter en cas de vents cycloniques : la population d’un territoire peut s’informer sur les risques existants grâce au document d’information communal sur les risques majeurs (DICRIM) disponible à la mairie ;
- la réduction de la vulnérabilité des bâtiments : cette réduction s’opère notamment à travers le respect des règles de la construction paracyclonique. Ces règles sont détaillées via l'onglet Exposition du territoire et réglementation, rubrique Règlementation.
Prévision et acteurs de la gestion de crise
Prévision
La phase de prévision intervient lorsque le cyclone est annoncé et constitue l’une des premières étapes de la gestion de crise. Elle permet d’alerter la population sur l’approche d’un cyclone et sa dangerosité.
Après avoir analysé la situation initiale pour déterminer le point de départ de la prévision et le centre du phénomène, le prévisionniste s’appuie sur des données de différents modèles pour simuler la progression du cyclone, sa trajectoire et son intensité24.
Á l’approche d’un cyclone, différents niveaux de vigilance peuvent être mis en place en fonction de sa dangerosité. Chaque niveau25 :
- pré-alerte jaune : la perturbation cyclonique menace le territoire à échéance lointaine ou ses effets attendus sont limités ;
- alerte orange : le cyclone représente un danger possible avec un impact fort à échéance légèrement éloignée mais encore imprécise ou le danger est très probable à échéance rapprochée et dont les effets attendus sont limités ;
- alerte rouge : le cyclone présente un danger très probable à échéance rapprochée avec des effets relativement forts ou à échéance plus éloignée mais avec des effets intenses inattendus ;
- alerte violette : le cyclone présente un danger imminent pour partie ou totalité du territoire, ses effets attendus sont très importants ;
- alerte grise : le cyclone a traversé le territoire et a causé des dégâts. Il subsiste un danger de type inondations, coulées de boues, fils électriques à terre, routes coupées etc.
Acteurs
Plusieurs acteurs interviennent dans la gestion du risque cyclonique :
- le préfet a pour mission de mettre en œuvre le plan d’organisation de la réponse de sécurité civile (ORSEC) en cas de crise ; le plan ORSEC définit les niveaux d’alerte en se basant sur les prévisions faites par les services météorologiques comme le National Hurricane Center pour les Antilles ou Météo France pour La Réunion et Mayotte ;
- les collectivités locales (communes et intercommunalités) mettent en place les plans communaux de sauvegarde qui comportent des dispositions pour la mise en sécurité des populations en cas d’alerte cyclonique ;
- les acteurs de la construction, tels que les promoteurs immobiliers, les constructeurs, les architectes ou les contrôleurs techniques jouent un rôle essentiel pour lutter contre l’aléa cyclonique puisqu’ils sont en charge d’appliquer la réglementation et les normes paracycloniques dans la conception et la construction des nouveaux bâtiments ainsi qu’en cas de modification importante des bâtiments existants.
Documents utiles [en cours]
Deux guides règlementaires accompagnent la réglementation afin de faciliter sa mise en œuvre. Le premier rassemble l’ensemble des exigences techniques et les méthodes de calcul concernant la conception et la réalisation des constructions. Il est disponible au lien suivant : [Lien vers le guide de calcul des exigences règlementaires]
Le second détaille de façon simplifiée les règles de construction pour les maisons individuelles et est disponible au lien suivant : [Lien vers le guide règlementaire pour la construction paracyclonique des maisons individuelles]
Ces deux guides seront prochainement publiés au bulletin officiel du ministère.
Un troisième guide en cours de rédaction en lien avec le CSTB accompagne l’arrêté. Celui-ci n’est pas règlementaire mais pédagogique. Il consiste à compléter le guide de calcul des exigences règlementaires par des précisions, des exemples et des illustrations. Il sera mis en ligne dès sa publication.
24 Qu’est-ce qu’un cyclone ? Les Services de L’État À la Réunion. Disponible à l’adresse : https://www.reunion.gouv.fr/Actions-de-l-Etat/Securite-protection-des-personnes-et-des-biens/Protection-civile/Les-plans-de-secours/Le-plan-ORSEC/Le-risque-cyclonique/Qu-est-ce-qu-un-cyclone
25 Descriptif des informations vigilance outre-mer et alertes cycloniques, MétéoFrance. Disponible à l’adresse : https://donneespubliques.meteofrance.fr/client/document/doc_vigilance_om_261.pdf
La cartographie permet aux utilisateurs de définir précisément l’exposition au vent de leur terrain et le niveau de risque notamment à travers la prise en compte de l’impact de la rugosité (qui correspond à l’environnement du bâtiment) et de l’orographie (qui correspond au relief) du terrain en fonction du bâtiment. Cela permet d’adapter les règles de construction en conséquence.
Les cartes, en fonction de la hauteur, sont disponibles ci-dessous (affichage pour une hauteur de 10 m puis éditable dans la section Vents cycloniques du panneau de sélection de couche ) :
Notice d'utilisation de la cartographie des coefficients d'exposition.
Certaines zones géographiques ne sont pas couvertes par la cartographie. Pour ces zones, il est nécessaire d’effectuer le calcul déterminant la pression dynamique de pointe utile pour définir la charge de vent sur les bâtiments : Alternatives à l'utilisation de la cartographie des coefficients d'exposition.
Le document susmentionné sert également de référence pour les méthodes alternatives à l’utilisation de la cartographie.